Lorsque j’ai commencé à pratiquer le voyage chamanique, je n’ai pas réussi à me trouver un tambour adapté.. heureusement j’étais douée et j’ai pu voyager avec quelque chose qui ne méritait pas vraiment le nom de tambour.
En 2001, j’ai souhaité me fabriquer un tambour chamanique et je me suis lancée dans cette aventure sans savoir qu’il me faudrait deux ans pour réaliser mon premier tambour.
j’ai donc entamé de nombreuses et longues recherches pour avoir une idée de la façon dont on pouvait s’y prendre pour fabriquer un tambour. Je devais absolument tout découvrir : les matériaux, comment me les procurer, comment fabriquer un cadre, comment monter le tambour, comment régler la tension de la peau, quelle peau choisir, quelle mailloche faire et comment ? qu’est-ce qui faisait qu’un tambour avait un beau son, adapté au voyage ??
J’ai acheté une peau de bison fraîche et me suis lancée dans l’aventure, ce qui voulait dire avant tout parvenir à enlever poils, graisse , et restes de chair sur une peau de 2 m par 2m… il me fallut environ 100 heures, presque de suite, c’est à dire sur une semaine.
J’ai bien failli abandonner et je ne crois pas qu’il y ait eu d’autres femmes en France qui firent ce travail. Je me suis lancée ensuite dans la fabrication d’un cadre, à partir d’une planche de bois. J’en ai cassé pas mal.. C’est en forgeant que j”ai appris à forger, que j’ai compris ce qui fait qu’un tambour résonne bien. Chacun des éléments , peau, laçage, séchage, cadre, a une grande importance. Je suis très exigeante sur le son et la légèreté, qui sont essentiels pour le voyage chamanique (il m’arrivait de faire des voyages de 3 ou 4 heures ).
Après deux ans j’ai fini mon premier tambour que vous voyez en bas sur cette page. Les autres tambours sont les tambours de mes enfants. La photo du bas à gauche montre la peau de bison terminée, encore mouillée sans poils ni graisse, dans ma cuisine de l’époque.
J’ai ensuite fabriqué plusieurs autres tambours, ce qui m’a permis d’affiner ma technique, de corriger les défauts qui pouvaient apparaître. Au final, je suis satisfaite car les tambours remplissent les conditions qui sont importantes pour moi : ils sont en peau naturelle d’une qualité et d’une épaisseur adéquate(bison généralement, parfois cerf), très légers, solides, esthétiques, et ont beaucoup de résonance.
J’utilise les tambours pour le voyage, et lors des stages.
On m’a souvent demandé de fabriquer et vendre des tambours, mais je n’en ai jamais eu le temps. C’est pourquoi j’ai transmis ma technique à Laurent. Il l’a grandement améliorée depuis..Ce qui caractérise les tambours de Laurent, c’est d’abord le maintien de mes exigences techniques (légèreté, son, taille) mais surtout le soin qu’il met dans cette fabrication. On voit beaucoup de tambours “chamaniques” qui sont des imitations de tambours d’indiens faits en une journée ou moins, sans attachement pour les détails, la mailloche, la poignée, le cadre, les finitions… Mais un vrai tambour prend un mois à être fabriqué. Laurent est un perfectionniste, et j’utilise ses tambours le plus souvent. Ce sont les miens en 10 fois mieux.. Je participe souvent à leur conception (pour la peinture) et y prend plaisir. Vous pouvez voir ses tambours sur son site : Tambours de chamane